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Interview-Professeur Yacouba Konaté (Directeur général du MASA) formel : « Le MASA est bien plus qu’un festival de musique »

A l’orée de l’édition 2020 du marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA), nous avons rencontré le directeur général, le Professeur  Yacouba Konaté qui s’est confié à nous à cœur ouvert. Bilan de la 11e édition, détails des activités de cette année et perspectives, tout y est passé. Lisez plutôt.

A quelques jours  du MASA 2020, quel bilan faites-vous de la dernière édition parce que plusieurs personnes parlent d’un fiasco. Est ce que vous le pensez aussi ?

Je pense que les personnes qui le disent  sont très sévères, mais en même temps je peux essayer de les comprendre parce que le MASA est bien plus qu’un festival de musique,  c’est plusieurs activités. On a un volet musique qui est bruyant et souvent,  les gens qui viennent ou portent un jugement comme ce que vous venez de dire s’en tiennent à ce qu’ils ont cru comprendre de notre rôle dans la programmation de la musique. Mais il y’a du théâtre, du conte, les arts du cirque et de la marionnette, du slam, des colloques, des rencontres professionnelles et il y’a des programmes jeunes où la salle était pleine tous les jours. Maintenant, pour revenir à la question musicale les gens croient que nous sommes à un festival de musique pure mais ce n’est pas le cas et en plus notre rapport à la musique n’est pas un  rapport stable. Notre rôle c’est de promouvoir la création émergente donc nous cherchons à mettre sur le marché des artistes qui ne le sont pas encore. Mais nous pensons qu’ils ont le potentiel pour le faire à court où à moyen terme donc si nous  programmons des artistes en herbe qui sont en phase de recherche de reconnaissance. C’est ça notre rôle. Notre rôle n’est pas de programmer Alpha Blondy même si nous avons les moyens de le faire on le fait parce qu’il y’a un aspect festival aussi donc quand tu programmes ces gens, tu ne peux pas t’attendre à voir vingt mille personnes parce que ce n’est ça le but de l’exercice. Le but de l’exercice c’est de faire des sélections et si les gens nous disent que les artistes qu’on a sélectionnés étaient nuls à ce moment là on pourrait dire qu’on a échoué. Mais à aucun moment quelqu’un est venu nous le  dire. C’est pour cela que je dis que les gens sont particulièrement  sévères et je les inviterai à considérer que le MASA c’est tout autre chose.  C’est parce que les gens ne connaissent pas nos objectifs. Notre objectif c’est de mettre sur le marché, des artistes qui peuvent compter dans les prochaines années mais à côté de cela nous pouvons stimuler, nous donner les moyens d’avoir un public plus large.

Donc en terme de bilan je récapitule pour dire qu’ à votre niveau c’est positif….

Oui je dirai même très positif même si je suis mal placé pour le dire.

 Pourquoi le choix d’Abobo pour accueillir des festivités de cette édition ?

Il faut saluer  les autorités  d’Abobo et aussi tous ceux qui ont pris sur eux de construire un musée dans cette commune. C’est pour  apporter notre contribution à cet effort culturel que Abobo est entrain de faire et pour que les gens comprennent que toutes les populations y compris celles qui sont considérées comme les plus déshéritées , les moins favorisés de notre région ont droit à la culture  sous sa forme la plus excellente donc nous prenons ce parti d’aller à Abobo pour encourager les ivoiriens à y aller et pour encourager aussi les autorités et les populations d’Abobo à continuer à avoir des rues de plus en plus sécurisées, à avoir des passages où aujourd’hui on n’a pas les encombrements qu’on connaissait.  Et puis nous voulons faire signe à Abobo aussi en tant que ville créative parce que on oublie que les premières grandes compagnies de danse comme le Djolème c’était à Abobo. Cette cité a beaucoup apporté à la Côte d’Ivoire sur plusieurs plans : au plan de la chorégraphie, de la musique ( c’était le quartier de Tangara speed goda) et donc nous allons à Abobo pour apporter notre contribution à cet effort global qui est entrain d’être fait

Parlez-nous aussi du  choix du Canada comme invité d’honneur …

« L’Afrique- monde »  qui est le thème du MASA signifie que l’Afrique n’est pas un continent isolé. Les diasporas africaines qui sont au Canada sont les mieux intégrées. Au Canada tu n’es pas condamné à faire seulement que du « djossi ». Je veux dire que si tu as un diplôme de professeur et que tu vas au Canada, tu as beaucoup de chance d’être professeur là-bas alors que dans d’autres pays comme en occident il y’a très peu de chance d’être professeur.  Donc pour nous, le Canada cultive la diversité culturelle et ce qu‘on pourrait appeler l’intégration.  Au Canada,  si tu t’appelles Kouassi et que tu veux changer de nationalité tu peux garder ton Kouassi sans problème. Il y a un respect de la culture de l’autre.  C’est pour cela que nous pensons que ça pourrait être un pays intéressant pour nouer des rapports. En plus c’est un pays qui a son passé colonial en interne puisqu’il gère des autochtones qui ont été l’objet de grosses répressions et ils sont très préoccupés par ce qu’ils appellent les « premières nations »,  d’ailleurs les groupes qu’ils vont nous emmener sont des groupes autochtones c’est-à dire des indiens qui sont les premiers occupants du Canada

Pour vous prendre au mot, le Canada proposera quoi concrètement ?

Il propose des spectacles qui vont illustrer la culture de la divergence et de la tolérance  telle qu’elle est mise en œuvre tous les jours au Canada. Ils sont dans toutes les disciplines : le Théâtre, les arts du cirque et de la marionnette.  Ils nous apportent aussi une grande contribution dans les spectacles pour les jeunes publics parce que tout à l’heure je vous expliquais le souci particulier que le MASA a à faire des spectacles pour les enfants. L’un des motifs de satisfaction que nous avons avec certains de nos partenaires vient en partie du fait que nous faisons un gros travail dans la direction des enfants que nous arrivons à faire venir dans nos spectacles pour lesquels nous faisons les choses Donc ils nous ferons une formation pour les jeunes publics . Il y a des troupes de Théâtre, des troupes de marionnettes, des troupes de danse et même des journalistes qui font des émissions pour les enfants. Dans le passé nous avons fait aussi des actions avec le Canada, notamment dans la formation des humoristes, en organisant des ateliers et même des créations pour eux.

Cette année,  les entrées au MASA seront gratuites ou payantes ?

Il y a deux types d’entrées ; il y aura des spectacles payants notamment les spectacles de Jazz que nous allons faire dans la salle de 1500 places du palais de la culture  et à l’institut français.  Tout le reste sera gratuit

Nous avons  appris que l’OIF s’est retirée du MASA, est-ce vrai ?

Cela n’est pas vrai. L’OIF (organisation internationale de la francophonie)  est sur toutes nos affiches, c’est le parrain du MASA , l’OIFne peut pas se retirer du MASA. Après l’État de Côte d’Ivoire, c’est l’OIF qui est notre partenaire principal et nous avons bon espoir qu’elle sera représentée à un très haut niveau au prochain MASA  L’OIF nous a encouragé en tant que MASA depuis 2011 à intégrer d’autres partenaires dans le conseil d’administration. C’est ainsi que l’OIF qui apportait la part la plus importante dans le  budget du MASA a réduit sa participation depuis 2014 à la reprise du MASA et que la Côte d’Ivoire a accru sa participation pour que le budget soit à peu près jouable  mais la sortie de l’OIF n’est pas à l’ordre du jour.

Avez-vous prévu des visites d’autres sites touristiques outre Abobo ?

Nous travaillons en collaboration avec le Ministère du Tourisme. Je sais qu’il y aura par exemple une promenade lagunaire en bateau mais il a aussi d’autres produits que les responsables de Côte-d’Ivoire Tourisme qui sont les représentants du comité d’organisation du MASA veulent présenter. Je sais qu’il a plusieurs personnes qui allongent leur séjour pour aller voir Yamoussoukro. C’est une ville qui est très demandée par nos festivaliers. D’ailleurs un groupe de festivaliers nous a demandés d’envoyer la chorale jouer à la Basilique mais c’est une proposition difficile à assumer parce que ça a un coût qui fait que nous sommes un peu hésitants.  Nous travaillons avec les galéristes d’Abidjan de manière à ce qu’il ait une nuit des galeristes et ce sera le vendredi 13.  La presse internationale sera là avec tous les professionnels.

Solange ARALAMON

Coll : Marie-Claude N’Da (Stagiaire)

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