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Journal du MASA: Brahim Ech Chibi, explorateur de l’âme et de ses tourments

Mardi 16 avril, au MASA, Brahim Ech Chibi a captivé l’audience avec son spectacle percutant « Skizophrenia », plongeant la salle « Lougah François » dans une atmosphère émotionnelle intense.

Par Zouleyka Cherif 

 

Une lumière tamisée enveloppait la scène, créant le parfait décor pour une exploration profonde des méandres de l’esprit humain. Une lueur jaunâtre se focalise sur l’artiste, enveloppant sa silhouette dans une atmosphère énigmatique. Il débute son numéro, ses mains ligotées par des cordes, tel un prisonnier de ses propres tourments. Tout au long de sa performance, il incarne à la fois la fragilité du déséquilibré et la résistance de l’homme se battant contre ses démons intérieurs. Rires, larmes, colère, émerveillement, Brahim traverse tout un éventail d’émotions, reflétant sur son visage les tourments de son âme et transmettant cette même intensité au public. Par ce jeu de contrastes, cette dualité sur scène, le public décrypte ce personnage aux multiples facettes.

Puis, soudain, l’artiste déclenche le chaos dans l’obscurité de la salle. Du sommet d’une longue barre fixée au centre de la scène, il se laisse chuter, avant de se relever avec aplomb. Cette conclusion saisissante du spectacle émeut la foule, qui applaudit en comprenant le message sous-jacent de ce spectacle. La schizophrénie peut conduire au désespoir, voire au suicide. 

À travers « Skizophrenia », Brahim Ech Chibi offre une plongée audacieuse dans les profondeurs de l’âme, explorant les intrications complexes de la santé mentale et des tourments intérieurs. En effet, il explore, dans sa performance solo, les méandres des pathologies mentales, offrant ainsi une réflexion poignante sur la santé psychique et les tourments intérieurs.

 

Photo par Romane Dakwa

 

Inspiré par les psychopathes de son quartier à Fez, il révèle que son spectacle est né de son expérience personnelle et des observations de la société qui l’entoure. « Ce que je pense, ce que je vois autour de moi, la vie, la vieillesse, les questions existentielles, mes appréhensions du futur, c’est ce que je montre à travers mon art », explique-t-il lors de notre interview. La création du personnage central, le jeune homme instable dans la société, a été un processus organique pour Brahim. « Le personnage est né naturellement car c’est le reflet de la société », révèle-t-il. « J’essaie de me mettre à leur place (NDLR : les malades mentaux), de comprendre ce qui les anime et d’expliquer leurs différents gestes ».

Pour Brahim, « Skizophrenia » est bien plus qu’un simple spectacle : c’est un moyen de sensibiliser le public aux questions de santé mentale souvent considérées comme taboues. « Le message, c’est le libre esprit, ‘’free spirit’’’, déclare-t-il passionnément. « On a beaucoup de contraintes dans la vie qui nous ralentissent et nous bloquent. Je veux montrer qu’avec l’art, on peut trouver la paix intérieure, se sentir mieux et libre ».

 

 

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Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.

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