Minutieux comme un horloger, José Cloquell, éclairagiste depuis 40 ans, fait les derniers réglages sur sa grande console. Chacun de ses gestes se traduit sur la scène en faisceaux de lumière, blanc, rouge vert, jaune… les énormes projecteurs tournent dans tous les sens et dessinent dans la salle des formes et des ombres.
Par Serge Ahissan
« Le métier d’éclairagiste sert à mettre en valeur l’artiste en fonction de ses demandes et retransmettre l’atmosphère que veut l’artiste au public en lumière » nous dit le technicien français. Du haut de son presque un mètre soixante-quinze, à notre question de savoir si les projections de lumières ne représentaient pas une forme de spectacle, le régisseur lumière s’est voulu clair : « il ne faut jamais que la lumière dépasse l’artiste, mais plutôt qu’elle serve à l’artiste. Le public ne vient pas assister à un show lumière mais plutôt voir et communier avec l’artiste ».
Dans la salle Kodjo Ebouclé du Palais de la culture, il est 17 heures. La scène est plongée dans le noir. Soudain, un faisceau de lumière déchire la pénombre. Le show est lancé. L’orchestre donne du son et l’artiste est là. Pendant une bonne heure le public a été émerveillé par la performance de Lerie Sankofa, artiste musicienne — chanteuse et percussionniste ivoirienne. Sa prestance scénique en harmonie avec les effets de lumière a donné un charme particulier à sa prestation.
En termes de difficultés rencontrées dans l’exercice de ses fonctions, José Cloquell s’est voulu réaliste. « Comme tous les festivals c’est compliqué en termes d’organisation, néanmoins dans le cas du MASA, il y a une équipe technique très compétente et impliquée ce qui facilite les choses. Mais pour le planning c’est un peu juste, on n’a pas beaucoup de temps et la lumière demande du temps de préparation. Du coup on se retrouve à faire quelque chose qui pourrait être beaucoup mieux si on n’avait plus de temps ».
L’éclairage permet de donner une âme au spectacle, de booster l’artiste et le public. En collaboration constante avec l’équipe technique, le concepteur lumière réalise en amont la programmation visuelle spectacle. Il participe aux répétitions avec l’équipe artistique et finalise au besoin les réglages.
Pour Jahelle Bonee seconde artiste – chanteuse à s’exprimer sur la scène de la salle Kodjo Ebouclé « la lumière est une sorte d’adrénaline, un boost qui permet à l’artiste de se repérer dans son conducteur, d’interagir avec le public, les instrumentistes et même de souffler ou de s’éponger entre les petits moments où la scène est plongée dans le noir. Sans les effets lumière le public assisterait à quelque chose de fade. Un grand merci à toutes ces petites mains qui derrière la scène facilitent l’expression de notre art ».
Même s’il a finalisé la programmation de ses effets lumière avant la représentation, José Cloquell demeure actif pendant le spectacle. Il suit du regard le spectacle sur scène pour des changements d’éclairage en ‘live’.
Devenir éclairagiste est à la portée de tous, comme le dit José Cloquell : « il faut comprendre comment fonctionne la technique, l’électricité, la colorimétrie, la physique, les accroches. C’est ce qui représente la base et ensuite il faut beaucoup travailler dans les spectacles avec les professionnels du métier, regarder comment ils font et petit à petit apprendre le métier ».
Les lampions sont éteints, le spectacle est terminé. José Cloquell le régisseur lumière, avec l’aide de l’équipe technique, démonte son matériel et le range pour un prochain spectacle, où il fera rêver un autre public.