La figure légendaire de la reine akan Abla Pokou est au cœur du spectacle présenté par l’association guinéenne Min’Arts. Un retour aux racines, et une inspiration pour le futur.
Par Lydie Mobio
Seule sur la scène des 300 places de la salle Niangoran Porquet du Palais de la Culture, dans le cadre du MASA 13, la Guinéenne Touré Aminata a su, mercredi 17 avril, captiver, envoûter et tenir en haleine un public diversifié venu voir la pièce de théâtre « Pokou ». Le spectacle débute malheureusement avec une heure de retard. Toutefois, le public n’en a pas tenu rigueur aux organisateurs du MASA, tant il était subjugué par la puissance et la réadaptation de l’histoire d’Abla Pokou à lui servie.
Inspirée de la légende d’Abla Pokou, une histoire du peuple baoulé (ethnie du Centre de la Côte d’Ivoire), la pièce « Pokou » est mise en scène par le comédien et metteur en scène camerounais Sufo Sufo. Elle est portée par un musicien, et jouée par Aminata Touré. Le spectacle met d’abord en lumière une héroïne, la reine, qui, pour sauver son peuple, a sacrifié l’héritier du trône, sa progéniture. A l’image de la reine, l’auteur de la pièce demande, conseille et ordonne aux hommes politiques africains de se sacrifier pour leur peuple.
Le visage fermé, les yeux fixés dans le vide, le regard meurtri, l’actrice crie sa colère, son ras-le-bol : au monde, mais surtout aux hommes politiques qui devraient se sacrifier pour leurs populations (les femmes et hommes nés du sacrifice qu’a fait Abla Pokou pour leur liberté). Malheureusement, ce sont ces populations sauvées par le sacrifice de l’héritier du trône qui aujourd’hui sont sacrifiées pour des intérêts personnels. Sur scène, la reine, transie de colère, éveille la conscience de la population. « Prenez conscience, lâche-t-elle. N’allez pas à l’abattoir pour satisfaire les désirs des hommes politiques ! ».
Pendant le spectacle, l’interaction entre les effets de lumière et de son a produit l’effet escompté sur les spectateurs : certains ont été gagnés par la peur quand ont retenti des bruits de tonnerre, grâce à la magie de la sonorisation. D’autres ont été surpris lorsque la lumière s’est subitement éteinte et qu’un bruit de vent violent s’est fait entendre au moment où l’actrice s’est mise à souffler sur un des projecteurs disposé au sol, comme sur une bougie. Et ce fut la nuit. Le public, séduit, s’est alors mis à se lever pour applaudir et même siffler.
La pièce de théâtre « Pokou » arrive à transporter le spectateur dans une palette d’émotions et de sensations fortes. L’importance du sacrifice, le renoncement de sa personne pour le bien-être d’un grand nombre sont les leçons à tirer de cette pièce qui recommande à tous de s’inspirer des histoires et légendes africaines pour mieux vivre.
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Avec les photos des stagiaires de la formation animée par le photographe Dorris Haron Kasco organisée par le MASA.
Commentaire (1)
Siméon says:
20 avril 2024 at 19 h 16 minJ’ai étais à ce spectacle et étant jeune étudiant ce spectacle a été très instructif et bénéfique. Un grand merci à vous