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Journal du MASA : Lerie Sankofa reçoit le Prix Henriette Diabaté de la meilleure création féminine

La jeune chanteuse et percussionniste ivoirienne, Lerie Sankofa, a décroché le tout premier Prix Henriette Diabaté de la meilleure création artistique féminine, lors de la clôture du MASA 2024. La veille, la jeune virtuose avait offert son second spectacle et transporté le public. Retour sur quelques moments forts de ce voyage.

Par Siamlo Victoria SEDJI

 

Entrée frissonnante. C’est un masque qui la devance et l’escorte, comme dans la plus stricte des traditions, sur une musique reproduisant le son d’un tourbillon. Tel un début de film. Comme une griotte, En cette nuit du 18 au 19 avril 2024. Lérie Sankofa s’avance tout près du public, en contrebas de la scène du Goethe Institut, prête à livrer bataille aux instruments.

La jeune virtuose de la percussion participe à son premier MASA. Elle ignore que cette première scène va en convaincre plus d’un et lui faire décrocher le tout premier Prix Henriette Diabaté de la meilleure création artistique féminine, qui porte le nom de la première Grande Chancelière de l’histoire de la Côte d’Ivoire, doté de 3 millions de F CFA.

 Un masque-danseur accompagne sur le contrebas la jeune musicienne qui, à peine installée, commence à en découdre avec son « Handpan », une sorte de tambour produisant un son riche en résonances. Passionnée par la musique depuis son tout jeune âge, la jeune dame indique avoir acquis cet instrument pour le bonheur de son public. « C’est un instrument rythmique et mélodique que j’ai découvert sur internet. J’ai été toute suite captivée par sa sonorité et le son que ça produit me fait voyager (…) Je ne l’ai eu que le 15 février dernier, mais je l’ai travaillé jusqu’à donner ce résultat … », expliquera-t-elle en coulisses, après son spectacle.

 Sur le contrebas de la scène, après avoir retiré la paille qui le couvrait, le masque n’est plus qu’un danseur et s’emploie à effectuer des figures que seuls, sans doute, comprennent les initiés. En Afrique, chaque pas a une signification, et chaque cri du tambour porte un message. Lérie le sait. Le public est d’ailleurs persuadé qu’elle en sait davantage. La jeune musicienne a perfectionné son génie au sein du prestigieux Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC), et du célèbre village Ki-YI, deux hauts lieux d’apprentissage ayant produit des élites de la culture africaine. La voix perçante et puissante de notre artiste s’élève alors de plus en plus vers les nuées, et le public n’a d’autre choix que de se laisser conquérir. Une dizaine de minutes vont s’écouler avant que Lérie, après avoir salué son public, ne franchisse d’un trait la marche qui la sépare de la scène principale pour prendre place dans un nouveau tableau : cette fois, elle apprivoise avec dextérité deux tambours africains. Le show est fascinant.

 

Photo par Fofana Yousouf

 

Durant la trentaine de minutes que va durer le spectacle, la jeune dame bascule aisément entre plusieurs instruments, varie le rythme et les différentes cadences, passe de la musique traditionnelle à la world music, enchaîne avec le slow, revisite les classiques de la musique ivoirienne et même les chants de notre enfance. Elle monte dans les aigus, bascule dans une voix grave, distribue ses meilleures notes vocales, aligne les trémolos, se rapproche du public, remonte sur scène et danse, danse, danse. Puis reconquiert sa percussion, pour galvaniser ses fans. « J’adore la musique traditionnelle parce que c’est ce qui fait l’identité d’une personne et pouvoir découvrir cela, nul besoin d’aller loin. Tout cela vient à toi, grâce au MASA. C’est ce qui fait la beauté de ce marché des arts qui est une belle aubaine », a-t-elle ajouté.

Le meilleur pour la fin, Lérie Sankofa a invité l’illustre fantôme d’ Ernesto Djedje en reprenant son titre culte « Ziboté ». Le public, admiratif, a savouré cette partie avec un enthousiasme incandescent, et de folles ovations. Mais c’était déjà la fin. Même les bonnes choses ont une fin. Réalité implacable.

« C’est merveilleux, c’est splendide ! C’est la première fois que je la vois, je la découvre et je trouve qu’elle est vraiment à niveau. C’est quelqu’un qu’il faut accompagner. La rythmique, la présence scénique de l’artiste, tout est coordonné ! En tout cas, ça transporte » s’est réjoui Jeff Aman, consultant en communication. Rainer, Hauswirth, Directeur du Goethe institut, a suivi cette excursion avec le plus grand intérêt. « Le spectacle était fantastique, on connaît Lérie depuis longtemps, elle a joué plus d’une fois sur notre scène, c’était vraiment plein d’énergie. C’était super ! », s’est-il émerveillé. 

 Avec son air de Dobet Gnahoré, première artiste ivoirienne à avoir remporté un Grammy Awards, Lérie Sankofa compte aller encore plus loin et indique avoir de grands projets.

« On reste optimiste pour la suite. A court terme j’ai un album déjà achevé qui attend d’être masterisé (…) j’ai également un centre artistique que j’ai ouvert en 2022, pour lequel je demande du soutien. Il s’agit d’une plateforme d’expression artistique (le Sankofart sum, NDLR). Je me projette sur les scènes à l’international ce qui explique ma présence au MASA. J’espère avoir des contrats au sortir de là », avait-t-elle fait savoir, 24 heures avant de recevoir son Prix des mains de Kandia Camara, la Présidente du Sénat de Côte d’Ivoire.

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